Since 1977

Since 1977, I have written more than 300 000 kilometers of words, that is to say put end to end, one way trip from Earth to the Moon. Or a second to light for this trip. A second light words in 30 years, some 3 billion signs.

Thursday, April 19, 2012

LE MAJOR GRUBERT

LE MAJOR GRUBERT, MAJOR FATAL.

La première apparition du Major Grubert se perd dans la nuit des temps... le problème, c’est qu’on ne sait pas très bien à quel moment de la nuit l’événement a réellement eu lieu... était-ce d’ailleurs la nuit ?..les temps étant ce qu’ils sont de par l’univers, on doute que la notion de nuit et de jour y subsiste, à moins d’adopter l’hypothèse de la lumière divine et de son ombre portée... Et c’est vrai qu’en se drapant d’éternité le major prête à une sorte d’olympe new-age la magie du désir côtoie l’abîme déprimant de la satisfaction lasse. Par bonheur, Moebius en s’attelant à la tâche impossible de rendre compte de ces déambulations aléatoires, nous permet d’entrevoir l’univers spatial du rêve le temps de la nuit est aveuglé par la lumière d’un soleil exclusivement onirique. Car en effet, c’est de rêve qu’il s’agit là... uniquement de rêve.




 Tous ceux qui, comme moi, ont été élevés au biberon "Métal Hurlant", savent bien que suivre le Major Grubert (ou Jerry Cornelius) dans son Garage Hermétique est un voyage qu'on entame à ses risques et périls : combien d'entre nous n'en sont jamais revenus, à jamais perdus dans les dédales toujours changeants d'un univers aussi fascinant que fondamentalement inaccessible, le cerveau détruit par les drogues les plus extrêmes et l'écoute excessive d'Amon Düül II ? Moebius lui-même,  est toujours incapable (à moins qu'il s'y refuse) de représenter le même personnage avec le même visage et les mêmes vêtements dans deux cases successives, sans parler de ces paysages oniriques dans des variations infinies paraissent surtout dûes au refus  flagrant de son auteur pour le réalisme le plus élémentaire. On pourra trouver cela épuisant, à force d'incohérence délirante, ou follement amusante, tellement on est loin des codes de narration généralement admis. En tout cas, "Chasseur Déprime" chassera votre déprime  pourvu que vous laissiez votre conscience s'ouvrir au GRAND TOUT.



 Le Major Grubert est de retour, et le travail de son auteur demeure toujours aussi fou, virtuose, instinctif... Moebius part dans une de ses improvisations dont il a le secret, et fabrique en plus son récit dans le désordre! on passe ainsi d'une planche dessinée en 1998 à une autre datant de 2003 avec entre les deux une de 2008 (quand ce n'est pas au sein d'une même page qu'on a des dessins ayant plusieurs années d'écart!). Mais... Moebius sait retomber sur ses pattes. Et dessine avec une facilité et un amusement sans pareil : visiblement incapable d'aller vers l'ennui, il ne reproduit à aucun moment deux décors semblables d'une case à l'autre, les vêtements des personnages ne sont également jamais identiques, sans parler des traits de leur visage. Le dessin est ainsi très diversifié, passant sans difficulté de la caricature au réalisme, de l'exactitude au foisonement. Niveau scénario, un bordel tout à fait barré avec beaucoup de pointes d'humour... 


RESUME:

Déambulant au sein du Garage Hermétique, le Major Grubert se rend compte que le monde qu’il a créé ne l’intéresse plus. Mêmes les étranges coutumes locales l’ennuient, et quand il songe à retourner sur la bonne vieille Terre, il est bien obligé d’admettre qu’il se tape une mortelle dépression ! Pourtant, il apprend qu’il est en réalité l’objet d’une attaque Tar’Haï (encore !) et pour s’en échapper, il décide de se travestir en tueur à gages pour déjouer cette machination. Mais avant tout, il prend contact avec une survireuse pour échapper à sa dépression : la séance l’entraîne dans une série de rêves emboîtés, dont il ne peut s’échapper seul ; le Ciguri étant trop éloigné, il ne peut malheureusement compter que sur lui-même !



CRITIQUE:

Excepté ses carnets, avec entre autres Inside Moebius dont , la dernière bande dessinée publiée par Moebius en 2001 était le cinquième tome du Monde d’Edena. C’est donc avec un réel plaisir, mêlé d’une pointe d’appréhension que l’on ouvre ce nouvel ouvrage. D’emblée, la couverture intrigue avec un dessin très aéré dans une mise en page évoquant les illustrés du début du XXème. On peut y retrouver un hommage à Little Nemo, dont Moebius lança une adaptation avec Bruno Marchand, mais également le souhait de souligner que le thème principal du rêve, cher à Winsor McCay, sera au centre des nouvelles aventures du Major.
Rompant avec la mise en couleurs parfois osée que les Humanos avait imposée à l’homme du Ciguri , Moebius renoue avec un noir et blanc libéré, nous laissant profiter de la justesse de son trait et de l’espace de sa mise en page. Pourtant, l’homogénéité n’est sûrement pas la qualité principale de l’album : en cadrant des paysages désertiques dans un style très Blueberry, Moebius en profite pour utiliser l’abondance de traits et de hachures qui firent sa renommée. Pourtant, au gré de l’album, et parfois même au sein des pages, les changements sont tranchés, pour passer vers une ligne claire et des espaces ouverts, caractéristiques d’un Moebius parfois plus tardif. Cette alternance pourrait-elle dérouter le lecteur ? Pas selon l’auteur, qui s’applique à chaque case, piochant au gré de ses différentes techniques (ses artifices de facilité comme il s’emploie à les nommer) pour choisir celle qui rendra au mieux la scène à décrire. L’effet est aussi rare que saisissant : là où la moyenne des auteurs tentent d’harmoniser leur dessin au cours d’un album, cette composition captive le lecteur, car en chaque case, une petite œuvre d’art se terre, plus facilement déchiffrable grâce à ce noir et blanc révélateur.

POINT DE VUE:

Se relançant dans le principe de l’écriture automatique, Moebius nous offre donc une intéressante approche de la dépression, avec les moyens de la transcender. Via Grubert, cet album, qui n’est donc pas la suite du Major Fatal mais bien une nouvelle aventure, est sans doute la meilleure approche autobiographique de l’auteur (ennui de son œuvre, dépression, ouverture vers la peinture et l’importante part du rêve). Cet album bluffant ravira les fans de Moebius, qui chercheront les liens avec ses précédents travaux. C’est également une excellente entrée en matière pour tout ceux qui n’aurait pas encore franchi les portes de cet univers si particulier. Le public ne s’y est d’ailleurs pas trompé : les 4000 exemplaires de la première édition se sont si bien vendus que l’album sera déjà réimprimé dans les semaines à venir.
Aujourd'hui l'album se vends entre 200 et 250 Euros sur Amazone!!!!!!








L'HISTOIRE

En arrivant à Chalatong, le major Gruber découvre un complot dont il est la cible. Une expérience visuelle hallucinante d'un Moebius en forme, pour cette suite du célèbre Garage Hermétique.
L'histoire : Le major Gruber débarque à Chalatong, une ville du Garage Hermétique. Après quelques minutes, il déteste déjà cet endroit : les coutumes locales sont étranges et le serveur du bar auquel il s'est assis met beaucoup trop de temps à venir le servir, il regrette déjà d'être venu ici dans le cadre de ses vacances. Au bout d'un moment, son attention se porte sur deux hommes attablés jute à côté, ils évoquent un complot contre un certain militaire qui n'est autre que lui même. Il décide alors de s'immiscer dans leur conversation afin de savoir de quoi il retourne exactement. Pour ne pas éveiller de soupçon, il leur offre une tournée de la boisson locale. Etonnamment, ils ne le reconnaissent pas et ce, malgré une photo dont ils disposent. Le major leur donne même un faux nom : Drager Majax, et leur demande de lui confier la mission d'éliminer le major. Il se rend alors à Outaland pour y rencontrer l'émissaire Désibou. Mais auparavant, Gruber souhaite avoir un petit survirage…



Ce qu'on en pense  :  Cela faisait longtemps que l'on avait pas eu de nouveau Moebius ! Et ce n'est pas sa participation sur le comics Halo (chez Panini) qui nous aura rassasié, au vue du nombre de pages trop faibles. Le retour de ce génie du 9e art prend ici la forme d’une suite au Garage Hermétique, une série au scénario labyrinthique qui avait su marquer de nombreux lecteurs, et même récemment les visiteurs du Futuroscope dans l'attraction La citadelle du vertige. Evidemment, ce nouveau chapitre bénéficie de planches impressionnantes, le survirage est à lui seul un moment grandiose où l'onirisme côtoie la philosophie. Les décors sont variés : on passe de grandes étendues désertiques à des villes hallucinantes, aucun détail n'est laissé au hasard. Au niveau de l'histoire, on retrouve avec plaisir le major Gruber, qui, malgré qu'il soit en vacances, se retrouve confronté à un complot mystérieux. Si l'histoire en elle-même est un peu difficile à suivre pour les non-initiés aux univers de Moebius, les amateurs seront aux anges ! On retrouve cette ambiance atypique où l'humour a une place particulière. Cette (fausse) nouvelle série démarre fort bien et vous emmènera dans un voyage hors norme.










Qui est le Major Grubert ?

Explorateur venu d’Afrique, il est né dans les pages de Pilote dès les années 70. Il réapparaît dans France Soir pour une série estivale et satirique « La chasse au Français
en vacances » où il incarne une idée burlesque du français moyen. C’est dans Le Garage Hermétique, que le Major Grubert exprime toute l’épaisseur de son caractère, au service d’une création débridée, inspirée par le rêve et la fantaisie.
L’histoire duMajor Grubert nous parvient déformée par le personnage nommé l’Archer, un de ses émissaires. Il semble qu’il soit à l’origine un terrien, un Allemand né au XXe siècle,journaliste du journal DieWelt, qui passa dans une autre dimension en franchissant le petit cercle transtemps à Angkor (Cambodge). Il devint ingénieur spécialisé en magie spatiale et notamment dans les phénomènes d’entropie nodale du tissu intergalaxial. Lors d’un vol spatial avec l’explorateur Lewis Cern, dans la nébuleuse Hakbah du Saligaa, il découvrit l’épave de la Otra, l’arche-mère des anciens Cerns, dévoilant ainsi le secret de l’immortalité. Ses travaux le menèrent à la découverte de l’effet Grubert, dont il déposa le brevet, et qui lui permit de construire son monde immense à l’intérieur d’un minuscule astéroïde.





Grubert, est le héros de cette série. Affublé d’un splendide casque colonial et du costume adéquat, short, chemisette et pataugas, il est le fou de l’échiquier, le joker dont se sert Moebius pour infléchir le cours de l’histoire françaises. Ballotté au gré du courant, mais jamais des autres personnages, il reste la créature, la chose de son auteur. Moebius s’amusera tout au long de la BD à le transformer en héros, martyr, simple spectateur, clown blanc ou Monsieur Loyal, et une quantité d’autres personnalités. Il le révélera en guise de conclusion, comme le créateur même de cet univers, dieu farfelu ou amnésique, perdu au coeur de sa propre création.




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