L'INSURRECTION MALGACHE DE 1947
L'insurrection malgache de 1947 est une insurection qui eut lieu en 1947 et 1948 sur l'île de madagascar, alors colonie francaise. Elle est souvent considérée comme l'un des signes avant-coureurs de la decolonization en Afrique francophone.
Le soulèvement fut suivi d'une terrible repression conduite par l'armée française qui fit plusieurs milliers de morts. Le nombre de victimes de cette répression fait encore débat parmi les historiens, le chiffre variant de 11 000 à 100 000 morts et fait considérer ces évènements comme les plus sombres de l'histoire coloniale francaise.
Cette insurrection est commémorée par un jour férié à Madagascar chaque 29 mars depuis 1967.
L'insurrection éclate à la suite de réquisitions durant la Seconde Guerre mondiale. La lutte pour l'indépendance est active à travers le Mouvement Democratique de la Renovation Malgache (MDRM) et des sociétés secrètes de libération. Elle débute dans le quart sud de l'île et sur la côte-sud-est. Elle s'étend jusqu'à la région de Tananarive dans le centre et à toute la région des hautes terres, de Fianarantsoa au lac Alaotra, au nord de Tananarive en avril 1947. Les insurgés initialement au nombre de 2 000 voient rapidement leur nombre augmenter. Les paysans du sud de l'île les rejoignent. Les insurgés s'en prennent aux Français mais aussi aux Malgaches travaillant pour l'administration coloniale. Ainsi environ 1 900 partisans du PADESM sont tués
Les troupes
françaises sont environ 8 000 dans l'île au début de
l'insurrection. En un an, le contingent est porté à 18 000 hommes.
L'insurrection recule dès mai 1947 devant l'armée française. La
répression est telle que certains historiens la qualifie de guerre coloniale.
Les massacres sont nombreux, touchant largement la population civile dont les
femmes et les enfants. Un haut fonctionnaire évoque un «Oradour malgache »
à propos du massacre commis dans le village de Moramanga.
Les troupes
coloniales, renforcées notamment par des tirailleurs sénégalais, mettent un an
pour venir à bout de la guérilla. Des élus du MDRM, parti pourtant hostile à
l'insurrection, députés malgaches à L'assemblee Nationale, Joseph Roahongy et Joseph
Raseta sont arrêtés, déchus de leur immunité parlementaire et condamnés à
mort. Peine commuée par la suite en prison à vie.
L'ordre
colonial règne de nouveau à Madagascar .
En janvier 1951 Francois Mitterand, alors ministre de la France
d'outre-mer indique dans un discours que l'« avenir de Madagascar est
indéfectiblement lié à la république française». Madagascar n'accède à
l'indépendance qu'après la fin de IVe Republique et la création de
la Communaute francaise en 1960.
L'évaluation
officielle des victimes de la "pacification" continue à faire débat.
Une mission d'information de l'Assemblée de l'Union francaise fin 1948
établit un premier bilan à 89 000 morts (plus de 2 % de la
population malgache de l'époque). Ce bilan sera ensuite révisé à la baisse et
fixé "officiellement" par le pouvoir colonial en 1950 à 11 342
morts. Mais à l'époque, personne ne remet en question la terrible violence de
la répression infligée par l'armée française au peuple malgache. Certains
analystes malgaches et étrangers avancent le chiffre de 100 à 200 000 morts.
Pour l'historien Jean Fremigacci, de tels chiffres sont loin de la
réalité : « Il a pu y avoir jusqu’à 40 000 morts à Madagascar en
1947-1948. Mais plus des trois-quarts sont imputables à la maladie et à la
malnutrition qui ont frappé des populations en fuite, le plus souvent sous la
contrainte des insurgés. »
Ce nombre de
victimes comprend une grande majorité de Malgaches, tués lors des
affrontements, fusillés avec ou sans procès, morts dans les camps
d'internement, d'épuisement ou de faim, dont beaucoup de femmes et d'enfants,
après avoir fui leur village pour se réfugier en forêt. Parmi ces morts
malgaches, quelques milliers ont été tués par les insurgés, faisant partie des
forces de l'ordre ou de l'administration coloniale. Plusieurs centaines de
tirailleurs sénégalais périrent aussi, souvent envoyés en première ligne, ainsi
que des colons français.