Since 1977

Since 1977, I have written more than 300 000 kilometers of words, that is to say put end to end, one way trip from Earth to the Moon. Or a second to light for this trip. A second light words in 30 years, some 3 billion signs.

Wednesday, June 30, 2021

Jerusalem Mon histoire.

Jerusalem; Il ya plusieurs histoires que je pourrais raconter a son sujet. Ma premiere rencontre avec cette ville fut ma Bar-Mitsvah a l'ete 1973. Premieres photographies avec mon instamatic,premier album de photographies. J'y reviens 20 ans plus tard, une nouvelle rencontre, comme une rennaissance, je fais mon Alya en 1995, retour aux sources, je n'y habite pas, mais j'y viens regulierement pour visiter ma soeur, et pour entrer sans payer au Musee Israel, a cause d'un passage laisse dans le grillage a l'arriere du Musee.

Mais comme a Paris, le lien le plus fort avec la ville c'est celui des livres. Jerusalem est la ville des bouquinistes, des livres poses dans la rue comme du pain, des livres introuvables, egares, incroyables Des livres de toutes sortes de toutes langues, trouves, echanges, achetes, abandonnes.Il m'est arrive a plusieures reprises, d'etre venu visiter la ville, et n'ayant plus un sous en poche de trouver au hasard de mes deambulations, des livres, et de les revendre a des bouquinistes pour pouvoir poursuivre ma route, de voyager boire et manger. Les livres de la survie, un tome d'une encyclopedie hongroise a 1 shekel...Dans les livres, on y trouve des lettres des correspondances, , des photographies comme marque-page.On suit le livre,une dedicace nous donne parfois une information, sur son parcours, le lieu de depart, Buenos-Aires, Lisbonne, New-York, Londres, Paris....

Voilà ce qui conduit mes pas dans la ville,ces livres oubliés, qui racontent une autre histoire que l'histoire elle-même.Aujourd'hui les bouquinistes disparaissent, les magasins de livres disparaissent, les livres disparaissent. Les livres portent une langue et une culture, et a force d'aimer les livres, on les accumule, des gens vous font don de leur bibliothèque, on les range et à son tour on écrit des livres.J'écris et j'édite a mon propre compte des fanzines depuis 1977.

Je suis né à Paris en 1959, et j'ai grandi à Paris dans le 13e, 12e, et 11e arrondissement.J'ai commencé par trouver des livres dans la rue,des magazines Très tôt je suis aller a la recherche des bouquinistes de bande dessinee.Ma grande revelation fut la librairie "Le Joueur de A", rue des lions St Paul. C'était une librairie alternative des années 70's.J'y ai découvert les comics US, la littérature de science fiction, les magazines underground, Crumb, le journal Actuel, L'echo des savanes, Gotlib, Mandryka, Moebius, . Il n'y avait pas un seul week end sans sillonner la ville de long en large à la recherche de toutes ces boutiques qui foisonnent dans les 70's., Les Yeux Fertiles, Actualités, Parallèle, La Guilde, Thé Troc,
Ces dérives m'ont inspiré et ont développées une forme de méthode que j'ai appliqué inconsciemment et bien plus tard sur mes dérives urbaines dans Jerusalem.
Un autre aspect de mes dérives dans la ville concerne les boîtes aux lettres publiques. En effet depuis de longues années j'envoie de manière régulière mais aléatoire des cartes postales de par le monde, a des personnes que je connais ou non. Des cartes postales non pas d'ici mais d'ailleurs, non pas avec des timbres d'ici mais d'ailleurs. Aujord'hui les boites aux lettres publiques de Jerusalem disparaissent, elles sontsupprimees les unes apres les autres. Mon parcours qui me conduisait de l'une a l'autre, cette derive existentielle appartient au passe.
Au-delà des livres, des pages à feuilleter, ce qui m'intéresse ce sont les espaces intermédiaires, les frontières, les limites de l'espace et leur gratuité. Les espaces a respirer, les terrains d'aventures. Jerusalem reste lumineuse et blanche dans son architecture qui contraste avec les hommes en noir qui parcourent ses rues. Jérusalem a perdu ses bouquinistes, Jérusalem a perdu ses boîtes aux lettres publiques, Jérusalem une ville qui perd la mémoire..
Jacques Prévert disait " J'ai rusé l'âme ".

MASSIVES MEMOS

MASSIVES MEMOIRES ou MASS MEMORIES.


 Je travaille sur un concept alternatif que je nome Massives Memoires,
 Mass Memories in English. J'etudie les relations entre souvenirs personnels et mémoires aléatoires
 subjectives collectives du siècle passé . Je fais un mixe algorythmique d'albums de familles au hasard reconstitues.
une de mes  plate-forme de diffusion est facebook en raison de son large public et de sa structure, livre de visages  . Le concept vient d'une expérience 
Fanzine alternatif des années 80 , qui traite de l'utopie , le situationnisme et Punk Rock. De Marshal Mac Luhan, 
" Goumen - Produktion " . Le résultat de ces recherches sous forme de films 16mm, found footage, albums de photos de familles, diapositives, fairont l'objet d'une expositions multimedia.
 
sera publier dans les deux ans à partir de maintenant
mais sinon le projet se poursuivra jusqu'à ce que nous atteignons les 300 000 images ,
 qui représentent la vitesse de la lumière .
Cordialement. Jacques Fhima.


I work on an alternative concept that I name Massives Memoires,  Mass Memories in English. I study the relationships between personal memories and random memories  Collective subjects of the past century. I make an algorythmic mix of albums of randomly reconstituted families. One of my broadcast platform is facebook because of its large audience and its structure, book of faces. The concept comes from an experience Alternative fanzine of the 80s, which deals with Utopia, Situationism and Punk Rock. From Marshal Mac Luhan, "Goumen - Produktion". The results of this research in the form of 16mm films, found footage, photo albums of families, slides, will be the subject of a multimedia exhibitions.   Will be published within two years from now But otherwise the project will continue until we reach 300,000 images,  Which represent the speed of light. Cordially. Jacques Fhima.
Managing previously unmanaged collections can be challenging. The process of securing the collection and making it accessible needs the mindset of a collections manager as well as the one of a project manager. The target audience are museum professionals with a basic training in co
Mllections care that are confronted with collections that are either large in numbers (1000+ artifacts) or stored confusingly, or both. 

The Massive Memories is a step-by-step guide how to approach this situation, assuming that there's nothing to start with but a collection that has to be accessioned and the person who is assigned to do it. It is about how to bring order into the chaos, to define what is needed in terms of time, money, staff and material, to spot facility issues and potential dangers, and to use the power of networking to solve an otherwise unsolvable task. 

Many themes conclude with “logical exits,” the points at which the collection in a condition that allows you to leave it for the next curator to take over. A common issue is that time frames are often so tight that the target of having the collection in good shape at the end of a contract or at a fixed date can’t be met. Another common scenario may be that other projects become more important and you have to stop working on the collection, which might sound familiar to many directors of small museums. “Logical exits” are the points you can do this without risking that everything you’ve done so far or since the last “logical exit” was a waste of time. For contractors those “logical exits” might serve as orientation points when negotiating the work that has to be done on the collection.

AFFICHE ROUGE

Le 21 février 1944, au Mont Valérien sont fusillés les membres de la désormais fameuse Affiche rouge, dont Celestino Alfonso, le tireur d'élite du groupe, Rouge espagnol:
Voici sa derniere lettre écrite à la prison de Fresnes (Seine) - 21 février 1944
"Mes chers parents, sœurs et frère,
Ma chère femme et fils,
Aujourd'hui à 3 heures, je serai fusillé. Je ne suis qu'un soldat qui meurt pour la France.
Je vous demande beaucoup de courage comme j'en ai moi-même : ma main ne tremble pas, je sais pourquoi je meurs et j'en suis très fier;
Ma vie a été un peu courte, mais j'espère que la vôtre sera plus longue.
Je ne regrette pas mon passé, et si je pouvais revivre, je serais encore le premier.
Je voudrais que mon fils ait une belle instruction, à vous tous vous pourrez réussir.
Ma chère femme, tu vendras mes vêtements pour te faire un peu d'argent. Dans mon colis, tu trouveras 450 francs que j'avais en dépôt à Fresnes.
Mille baisers pour ma femme et mon fils.
Mille baisers pour tous.
Adieu à tous.
Célestino Alfonso"Mont Valérien-21 février 1944
« Ma chère Mélinée, ma petite orpheline bien-aimée,

Dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde. Nous allons être fusillés cet après-midi à 15 heures. Cela m'arrive comme un accident dans ma vie, je n'y crois pas mais pourtant je sais que je ne te verrai plus jamais. Que puis-je t'écrire ? Tout est confus en moi et bien clair en même temps.

Je m'étais engagé dans l'Armée de Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la Victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain.

Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement.

Au moment de mourir, je proclame que je n'ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu'il méritera comme châtiment et comme récompense. Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur à tous...

J'ai un regret profond de ne t'avoir pas rendue heureuse, j'aurais bien voulu avoir un enfant de toi, comme tu le voulais toujours. Je te prie donc de te marier après la guerre, sans faute, et d'avoir un enfant pour mon bonheur, et pour accomplir ma dernière volonté, marie-toi avec quelqu'un qui puisse te rendre heureuse.

Tous mes biens et toutes mes affaires je les lègue à toi à ta sœur et à mes neveux. Après la guerre tu pourras faire valoir ton droit de pension de guerre en tant que ma femme, car je meurs en soldat régulier de l'armée française de la libération. Avec l'aide des amis qui voudront bien m'honorer, tu feras éditer mes poèmes et mes écrits qui valent d'être lus. Tu apporteras mes souvenirs si possible à mes parents en Arménie.

Je mourrai avec mes 23 camarades tout à l'heure avec le courage et la sérénité d'un homme qui a la conscience bien tranquille, car personnellement, je n'ai fait de mal à personne et si je l'ai fait, je l'ai fait sans haine.

Aujourd'hui, il y a du soleil. C'est en regardant le soleil et la belle nature que j'ai tant aimée que je dirai adieu à la vie et à vous tous, ma bien chère femme et mes bien chers amis.

Je pardonne à tous ceux qui m'ont fait du mal ou qui ont voulu me faire du mal sauf à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau et ceux qui nous ont vendus.

Je t'embrasse bien fort ainsi que ta sœur et tous les amis qui me connaissent de loin ou de près, je vous serre tous sur mon cour. Adieu.

Ton ami, ton camarade, ton mari.

Michel Manouchian. »

Il y a 77 ans, le 21 février 1944, les nazis exécutaient au Mont-Valérien les héros du groupe Manouchian 
Ils étaient des héros ,ils étaient des Communistes!

"Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient le cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant" *

Arrêtés par des policiers Français avoir été torturés des heures durant, ces Résistants sont présentés devant une cour martiale allemande le 19 février 1944. Un simulacre de procès a lieu. Il débouche sur la condamnation à mort des vingt trois. 
Ils seront tous exécutés par les nazis le 21 février 1944 au Mont-Valérien. Le plus jeune avait 18 ans, le plus âgé 46.
Voici leurs noms, ne les oublions pas!
 ✊Gloire aux Francs-tireurs et partisans - main-d'œuvre immigrée (FTP-MOI) 
Celestino Alfonso (AR), Espagnol, 27 ans
Olga Bancic, Roumaine, 32 ans (seule femme du groupe, décapitée en Allemagne le 10 mai 1944)
Joseph Boczov [József Boczor; Wolff Ferenc] (AR), Hongrois, 38 ans - Ingénieur chimiste
Georges Cloarec, Français, 20 ans
Rino Della Negra, Italien, 19 ans
Thomas Elek [Elek Tamás] (AR), Hongrois, 18 ans - Étudiant
Maurice Fingercwajg (AR), Polonais, 19 ans
Spartaco Fontano (AR), Italien, 22 ans
Jonas Geduldig, Polonais, 26 ans
Emeric Glasz [Békés (Glass) Imre], Hongrois, 42 ans - Ouvrier métallurgiste
Léon Goldberg, Polonais, 19 ans
Szlama Grzywacz (AR), Polonais, 34 ans
Stanislas Kubacki, Polonais, 36 ans
Césare Luccarini, Italien, 22 ans
Missak Manouchian (AR), Arménien, 37 ans
Armenak Arpen Manoukian, Arménien, 44 ans
Marcel Rayman (AR), Polonais, 21 ans
Roger Rouxel, Français, 18 ans
Antoine Salvadori, Italien, 24 ans
Willy Schapiro, Polonais, 29 ans
Amédéo Usséglio, Italien, 32 ans
Wolf Wajsbrot (AR), Polonais, 18 ans
Robert Witchitz (AR), Français, 19 ans
Poème de Louis Aragon

"Né à Marseille, Almudéver a grandi à Casablanca et Alcàsser. Au moment du coup d'État de juillet 1936, il était à Valence. Bien qu'encore mineur, il est devenu volontaire du côté républicain. Mentant sur son âge, il rejoint la colonne Pablo Iglesias, qui fut déployée sur le Teruel. Blessé au front Teruel, Almudéver est envoyé à l'arrière ; il réintégra l'armée en tant que membre de la Brigade internationale CXXIX. Entre début 1939 et fin 1942, il fut prisonnier du régime franquiste. Contraint de s'exiler, il est retourné en Espagne en 1965.

Il est décédé en France le 24 mai 2021 en tant que dernier membre connu des Brigades internationales."

Tuesday, June 29, 2021

COLETTE . PRATT. KONCHALOVSKY.

N'ayons pas peur de contempler ce qui nous manque. Emoussons, par le regard appuyé, par une pensée approfondie, les traits dont nous blessent toutes les absences. Susciter en ce moment les tableaux de l'abondance, ce n'est pas seulement un jeu un peu mortifiant, c'est une gymnastique, une manière assez brave d'entretenir fraîches les acquisitions de notre mémoire. Point de souvenir qui n'ait ses cavités que le temps obscurcit ; mais d'où nous pouvons déloger tel petit secret, en voie de nous échapper. La vue de l'esprit les fouille." (Colette, De ma fenêtre, 1942)“

 À l’école primaire, quand j’avais sept ans, il m’est arrivé un incident étrange. À la suite d’une insolation, j’ai perdu la mémoire. Je suis resté pendant six mois en état de choc, ne me souvenant plus que d’une grande lumière, puis je suis brusquement redevenu normal. Pendant toute cette période, on m’avait mis dans une section spéciale de mon école, réservée aux élèves déficients mentaux. Nous étions huit et devions porter un uniforme noir, alors que les élèves normaux étaient habillés en blanc. Quand je me suis
comme réveillé, on m’a redonné l’uniforme blanc, et les élèves considérés comme débiles m’ont demandé : 'Mais qu’est-ce que tu fais là, habillé en blanc comme tous ces cons ?'. "

Hugo Pratt (extrait de son autobiographie “ Le désir d’être inutile ”)

Le Premier maître (1965, Andreï Mikhalkov- Kontchalovsky)

 Loin de Moscou, à des milliers de kilomètres de la Russie, vit, en Asie centrale, un peuple de montagnards, d’origine nomade et aux traditions patriarcales puissamment implantées, les Kirghizes. D’ascendance turco-mongole, ils ont, à partir du XIIIe siècle, épousé la religion de l’Islam dans sa version sunnite. Totalement enclavé, leur pays, situé sur l’ancienne route de la soie, possède une frontière avec la Chine, à l’est et au sud. Durant la période soviétique, l’écrivain Tchinguiz Aïtmatov (1928-2008) en est devenu le chantre impérissable. En France, Louis Aragon, émerveillé par la pureté limpide et touchante de « Djamilia » (« la plus belle histoire d’amour du monde », dira l’auteur du « Fou d’Elsa »), œuvrera beaucoup en sa faveur. En 1962, Aïtmatov écrira « Le Premier maître ». Certes, il y est question de Lénine chez les Kirghizes, mais aussi d’amour(s) encore ; celui de l’instituteur bolchévik (« le maître ») et de la belle Altynaï (Natalia Arinbassarova : elle deviendra après le tournage l’épouse du réalisateur), et celui d’un homme avec un peuple et une contrée – l’instituteur ou le réalisateur ? Les deux sans aucun doute. En cinéaste intelligent et subtil, Andreï Mikhalkov-Kontchalovsky aura su capter le style allusif et complexe de l’écrivain. C’est, vous l’avez deviné, « Le Sel de Svanétie » (1930) de Kalatozov qui m’y a naturellement reconduit. À voir la fin de ce film, je me suis profondément interrogé. Doit-on au juste motif d’éradiquer l’ignorance et la misère, ensevelir, du même coup, l’immense richesse intérieure d’un peuple et la beauté d’un pays ? Doit-on déraciner les arbres, et notamment l’unique peuplier du village kirghize où se déroule notre histoire ?  
 Patrick Kamenka écrit pour « L’Avant-Scène Cinéma » (n° 238, 1979), évoquant la figure volontaire et idéaliste de l’instituteur communiste Duichène : « Il affrontera sur ce terrain les autorités villageoises et les traditions ancestrales. Mais il ira plus loin encore en luttant pour qu’Altynaï se rende à Tachkent, dans la grande ville, pour faire des études, ce qui constitue en ce début du 20e siècle en Asie, une sorte d’exploit. » Certes, dirais-je. Mais seule Altynaï est maîtresse de ses destinées. Elle seule saura ce qu’il lui faut jeter aux orties et ce qu’il lui faudra jalousement conserver pour ne rien perdre de son identité. De ce point de vue, « le maître » a encore à apprendre. Il finira par l’admettre : « Je ne suis pas un bon instituteur, dit-il, mais d’autres viendront après moi, plus savants… »  Lénine n’est pas un prophète : sa vérité n’est qu’un début de vérité. « En définitive, la qualité essentielle de ce film tient à l’humanisme qui s’en dégage, à ce qu’il n’y a aucune complaisance », affirme encore Patrick Kamenka. S’il a fallu bâtir une République soviétique « avec du sang et des larmes », et l’on voit aujourd’hui ce qu’il en reste, c’est que l’on ne construit rien sans aimer les hommes et les femmes d’un pays, sans écouter ce qu’ils ont à nous apprendre eux aussi. Il n’y a aucune vérité bonne à inculquer, il n’existe que l’ignorance et la misère. Ce sont celles-là qu’il nous faut arracher à la souffrance des hommes et non leur sagesse faite de patience et d’opiniâtreté. Même si le parti est logiquement adopté vers le « nouveau », le réalisateur introduit là une nuance de taille. Émile Breton note fort à propos : « Une attention, on pourrait presque dire respectueuse, est portée […] à ce qui dans l’ancien était signe (même détourné, subverti) d’une culture autre, authentique, à ne pas piétiner. » (in : « Dictionnaire des films »). Et cette beauté qu’il ne faut pas fouler, elle s’exprime en séquences simples, comme Altynaï se baignant nue dans le torrent et sous la pluie, comme celle des cavaliers fuyant dans la steppe ou celle du paysan au kalpak accompagnant son chant du kyl kyyak.