A regarder aujourd’hui les évènements de la vie, il me semble que tout s’est enchaîné si solidement, s’est tressé dans un réseau si serré, qu’il est devenu difficile d’y déceler un seuil, de distinguer dans cette compacité un point de référence précis pour me permettre de dire; voila c’est ici que tout a commencé…
Tout aussi imbriquées entre elles se révèlent les circonstances de l’histoire dont je parviens a peine a percevoir l’importance au moment de leur génèse.
Enfin, noués fermement entre eux, sont les épisodes de notre vie et ceux de l’histoire des hommes et je tenterais en vain de commenter les uns sans les autres.
Si j’ajoute encore a cela les créations de l’imaginaire et les pertes de mémoire collective, on atteint alors des sommets de paradoxes.
A son commencement toute vie est un désert, un pays inconnu peuplé de rencontres, de paysages sauvages qui sont le fruit de la volonté aussi bien que du hasard, de la raison comme de la fantaisie, des projets comme des illusions.
A son début tout pays est le résultat d’une décision, d’un choix de vie, d’un risque que l’on prend sans douter des difficultés que l’on rencontrera, mais en connaissant sa propre détermination à les affronter.
A la frontière d’un pays comme d’une vie on respire l’atmosphère singulière des ports et des bords de mer, un mélange d’espérance et de tristesse, de peur parfois; dans tous les cas il s’agit d’un pari, d’un défi lancé au destin.
Et toujours on s’avance a cette frontière sans l’expérience nécessaire, sans savoir comment ni que faire pour traverser, pour atteindre ce qui n’existe pas encore.
Car traverser est une obligation naturelle, s’il est vrai que le temps nous invite a toujours aller de l’avant en toutes circonstances et en toutes choses.
Jacques FHIMA
D’après Hugo Pratt.
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