Jerusalem; Il ya plusieurs histoires que je pourrais raconter a son sujet. Ma premiere rencontre avec cette ville fut ma Bar-Mitsvah a l'ete 1973. Premieres photographies avec mon instamatic,premier album de photographies. J'y reviens 20 ans plus tard, une nouvelle rencontre, comme une rennaissance, je fais mon Alya en 1995, retour aux sources, je n'y habite pas, mais j'y viens regulierement pour visiter ma soeur, et pour entrer sans payer au Musee Israel, a cause d'un passage laisse dans le grillage a l'arriere du Musee.
Mais comme a Paris, le lien le plus fort avec la ville c'est celui des livres. Jerusalem est la ville des bouquinistes, des livres poses dans la rue comme du pain, des livres introuvables, egares, incroyables Des livres de toutes sortes de toutes langues, trouves, echanges, achetes, abandonnes.Il m'est arrive a plusieures reprises, d'etre venu visiter la ville, et n'ayant plus un sous en poche de trouver au hasard de mes deambulations, des livres, et de les revendre a des bouquinistes pour pouvoir poursuivre ma route, de voyager boire et manger. Les livres de la survie, un tome d'une encyclopedie hongroise a 1 shekel...Dans les livres, on y trouve des lettres des correspondances, , des photographies comme marque-page.On suit le livre,une dedicace nous donne parfois une information, sur son parcours, le lieu de depart, Buenos-Aires, Lisbonne, New-York, Londres, Paris....
Voilà ce qui conduit mes pas dans la ville,ces livres oubliés, qui racontent une autre histoire que l'histoire elle-même.Aujourd'hui les bouquinistes disparaissent, les magasins de livres disparaissent, les livres disparaissent. Les livres portent une langue et une culture, et a force d'aimer les livres, on les accumule, des gens vous font don de leur bibliothèque, on les range et à son tour on écrit des livres.J'écris et j'édite a mon propre compte des fanzines depuis 1977.
Je suis né à Paris en 1959, et j'ai grandi à Paris dans le 13e, 12e, et 11e arrondissement.J'ai commencé par trouver des livres dans la rue,des magazines Très tôt je suis aller a la recherche des bouquinistes de bande dessinee.Ma grande revelation fut la librairie "Le Joueur de A", rue des lions St Paul. C'était une librairie alternative des années 70's.J'y ai découvert les comics US, la littérature de science fiction, les magazines underground, Crumb, le journal Actuel, L'echo des savanes, Gotlib, Mandryka, Moebius, . Il n'y avait pas un seul week end sans sillonner la ville de long en large à la recherche de toutes ces boutiques qui foisonnent dans les 70's., Les Yeux Fertiles, Actualités, Parallèle, La Guilde, Thé Troc,
Ces dérives m'ont inspiré et ont développées une forme de méthode que j'ai appliqué inconsciemment et bien plus tard sur mes dérives urbaines dans Jerusalem.
Un autre aspect de mes dérives dans la ville concerne les boîtes aux lettres publiques. En effet depuis de longues années j'envoie de manière régulière mais aléatoire des cartes postales de par le monde, a des personnes que je connais ou non. Des cartes postales non pas d'ici mais d'ailleurs, non pas avec des timbres d'ici mais d'ailleurs. Aujord'hui les boites aux lettres publiques de Jerusalem disparaissent, elles sontsupprimees les unes apres les autres. Mon parcours qui me conduisait de l'une a l'autre, cette derive existentielle appartient au passe.
Au-delà des livres, des pages à feuilleter, ce qui m'intéresse ce sont les espaces intermédiaires, les frontières, les limites de l'espace et leur gratuité. Les espaces a respirer, les terrains d'aventures. Jerusalem reste lumineuse et blanche dans son architecture qui contraste avec les hommes en noir qui parcourent ses rues. Jérusalem a perdu ses bouquinistes, Jérusalem a perdu ses boîtes aux lettres publiques, Jérusalem une ville qui perd la mémoire..
Jacques Prévert disait " J'ai rusé l'âme ".