" la nuit tombe " tandis que " le soleil se lève" Cela signifie que la nuit se situe en haut de notre planète tandis que le soleil est en bas. Mais quand le soleil se couche, nous ne disons jamais que " la nuit remonte" tandis que l'on dit que " le soleil se couche " quand la nuit tombe. Il s'ensuit que le soleil suit un parcours de haut en bas et de bas en haut chaque jour que le Concierge de l'Univers fait. si la nuit tombe, c'est qu'elle se situe au départ en haut. Mais si elle ne remonte pas c'est que la terre fait une moitié de tour afin que la nuit puisse de nouveau tomber. Mais si la terre fait ce demi-tour,comment le soleil puisse être prêt à se lever si la nuit est prête à tomber ? Que de questions sans réponses !
Le rêve était au fond du ruisseau où coulait une eau claire charriant quelques brindilles tombées des arbres de la haie elle s'écoulait en murmure de douceur qui apaise et ouvre les portes de l'imaginaire calme et florissant de navires évoluant au gré du courant ils croisaient parfois une faune qui à leur échelle paraissait géante composée de grenouilles somnolentes dont seuls les yeux diaphanes et ronds sortaient de l'eau guettant ces moustiques aux longues pattes qui courent en zigzag sur la surface limpide les navires barrés par de compétents équipages aux origines variées parlant d'exotiques langages inconnus évoluaient gracieusement parmi ces écueils vivants tapis dans les zones ombragées par les feuilles entre elles passaient les rayons du soleil qui venaient se moirer à la surface de l'onde précieux jeux de lumière tamisée qui faisaient paraître plus vif le courant du ruisseau les bateaux alors prenaient de la vitesse au détriment de la grâce mais aucun ne s'échouait à la rive les marins efficaces s'activaient à leurs postes fins calculs de barreurs et des physiciens du vent allant au devant de ses caprices esquivant ses malices de souffle infime les brindilles pareillement dérivaient les grenouilles parfois sautaient et plongeaient en coassant leur chant printanier de multiples crécelles animées devenait hypnotique et assourdissant comme une symphonie pour verre pilé subitement tout cessait il y avait de ces silences qui vrillaient les oreilles ils se terminaient aussi vite qu'ils avaient commencé tout cela n'avait pas beaucoup d'importance pour les bâtiments frêles esquifs ou proues imposantes tous bien minuscules à l'aune des grenouilles ils transportaient à fond de cale et chargés à ras-bords une infinité de particules oniriques le temps s'en allait avec elles par petites quantités négligeables à bord des navires les marins fournissaient forces et efforts pour les arrimer et assurer le voyage vers cet ailleurs un peu flou dans une lumière évanescente et un temps indéterminé le printemps finissait les enfants grandissaient grenouilles et brindilles géantes rapetissaient le ruisseau perdait ses attraits les têtes ne se penchaient plus au dessus de lui l'enfance se termine quand on ne sait plus voir les palenquées de rêve qui voguent au gré du ruisseau parmi les ombres et la lumière.
Herve Milcent. (mixere oulipien s+4).
J'aime quand la masse hétéro-sémiotique des mots induisent les ralentis et les silences qui créent le rythme et la ponctuation au gré de la singularité perceptive du lecteur ainsi que l'art et la science de la véritable praticienne pataphysique stimule et féconde la créativité imaginative et interconnective du lecteur ou de l'observateur de sorte que l'exercice déborde la médiocrité narcissique pour se déployer dans le champs de l'intelligence émotionnelle collective.
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