Since 1977

Since 1977, I have written more than 300 000 kilometers of words, that is to say put end to end, one way trip from Earth to the Moon. Or a second to light for this trip. A second light words in 30 years, some 3 billion signs.

Tuesday, July 6, 2021

JOHN BROWN .(1800-1859).

9 May is the birthday of John Brown (1800 - 1859), the famous American abolitionist who attempted to raid Harper’s Ferry and use the guns to arm slaves and start a massive slave revolt. 

There has been much discussion over his flag. We know he had one, and it is even depicted in a picture of him, but due to the poor quality of the picture, we don’t know what it looked like. 

The closest flag we know of is a 20-star abolitionist flag that originated in Ohio. We know it was tied to the abolitionist movement due to the number of stars - it only included stars to represent the free states in the Union. The closest tie it has to John Brown is the fact that it came from an area in which his sons lived. However, it is quite possible that Brown himself never saw this flag in his life.

Sunday, July 4, 2021

HENRI CURIEL ASSASSINE.

Rubrique : On n'oublie pas

Moi, Henri Curiel, juif et communiste, tué le 4 mai 1978

Le militant anticolonial a été assassiné en plein Paris. Un meurtre jamais élucidé. Le dossier est rouvert à la suite des révélations d’un fasciste français quant à son implication.

Paris, 4 mai 1978, il est 14 heures. Tout est calme, c’est le jeudi de l’Ascension. Dans l’immeuble du 4, rue Rollin, dans le 5e arrondissement, le bruit mécanique d’un ascenseur en mouvement brise le silence. Il descend. À l’intérieur, Henri Curiel, communiste, militant de la cause internationaliste et anticoloniale. Au rez-de-chaussée, tapis dans l’ombre, deux hommes l’attendent. Ils ne lui laissent pas le temps de sortir et l’abattent de trois balles de 11.43. Leur forfait accompli, les tueurs s’enfuient. Dans les milieux progressistes, en France et dans le monde, c’est la consternation. Henri Curiel, né au Caire en 1914 dans une famille juive, a été de tous les combats. Il a notamment pris la relève de Francis Jeanson à la tête des fameux réseaux d’aide au FLN algérien, les « porteurs de valises », et, par la suite, a fondé, à Paris, Solidarité, encore un réseau d’appui aux luttes de libération nationale, notamment le Congrès national africain (ANC) de Nelson Mandela. « Un homme maigre, plutôt ascétique, les yeux cachés derrière les verres épais de ses lunettes, sans prétention, presque effacé, il avait l’air d’un professeur de littérature plus que d’un révolutionnaire professionnel. Un observateur fortuit n’aurait jamais suspecté que cet homme était engagé dans une douzaine de luttes de libération, qu’il était haï et menacé par une douzaine de services secrets », ainsi que le décrit Uri Avnery, journaliste israélien, ancien député, responsable du Gush Shalom (Bloc de la paix), qui fut son ami (le Monde diplomatique, avril 1998).

Autant dire que des ennemis, Henri Curiel, un homme généreux, tout entier dévoué à l’autre, a dû s’en faire dans les milieux fascistes, des nostalgiques de la France de Pétain – où on savait comment traiter les juifs – et de l’Algérie française – la trique pour les Arabes, la mort pour les fellaghas – et même au-delà. Ajoutez à cela une France qui, à partir de 1974, est dirigée par Valéry Giscard d’Estaing et Michel Poniatowski au ministère de l’Intérieur. Deux hommes représentants de cette droite dont les racines sont plutôt à chercher du côté de Maurras, adeptes du Club de l’horloge, discret centre de rencontres entre la droite et l’extrême droite. D’ailleurs, Curiel est dans leur collimateur depuis longtemps, via une certaine presse même pas aux ordres qui participe d’elle-même à la chasse aux sorcières, puis à la curée. C’est le cas du Point, alors dirigé par Georges Suffert, qui, en juin 1976, titre « Henri Curiel, le patron des réseaux d’aide aux terroristes », relayé par des posters sur les kiosques à journaux. En 1944, dans cette même capitale française, les nazis désignaient ainsi les terroristes : Missak Manouchian et son groupe, celui de l’Affiche rouge.
## Le meurtre a été revendiqué par un groupe d’extrême droite, Delta

En France, la droite est revancharde, comme l’était la noblesse émigrée de Coblence qui avait fui la Révolution de 1789. Le meurtre d’Henri Curiel a été revendiqué par un mystérieux groupe d’extrême droite, Delta, qui évoque bien sûr les sinistres commandos du même nom, bras armé de l’OAS. Un non-lieu a été prononcé en 1992. L’enquête a été rouverte dans les années 2000, sur la base de nouveaux témoignages, avant d’être une nouvelle fois classée sans suite en 2009. C’était compter sans la persévérance de la famille d’Henri Curiel. La justice s’est de nouveau emparée de la question avec l’ouverture d’une information judiciaire et la désignation d’une juge d’instruction, Laurence Lazerges, au début du mois de janvier. Une décision prise après les aveux posthumes de René Resciniti de Says, décédé en 2012. Ce dernier s’était confié au journaliste Christian Rol dans le livre le Roman vrai d’un fasciste français, paru en 2015. Resciniti y révèle qu’il est l’auteur de l’assassinat, ainsi que de celui de Pierre Goldman. Il explique avoir agi sur ordre de Pierre Debizet, patron du Service d’action civique (SAC), le service d’ordre du parti gaulliste, aujourd’hui dissous. Dans le livre, le nervi fasciste traite Curiel de « traître à la France ». Des déclarations qui ont conduit la famille d’Henri Curiel à déposer une plainte avec constitution de partie civile en 2015.

Le magazine Jeune Afrique cite l’avocat de la famille, William Bourdon, qui souligne que « les discussions avec le parquet ont duré un certain temps », mais se dit persuadé que cette nouvelle enquête « permettra de faire avancer la vérité sur les circonstances de l’assassinat, ainsi que sur les donneurs d’ordres ».
## « La vérité, nous la connaissons, nous attendons la justice »

Pour Alain Gresh, directeur du journal en ligne Orient XXI et fils d’Henri Curiel, il s’agit d’une affaire « avant tout politique » et dans laquelle « le rôle de l’État est flou », ce qui expliquerait les atermoiements. Il rappelle également l’implication, de près ou de loin, du général Aussaresses. Celui-ci a avoué avoir pratiqué la torture en Algérie et a regretté ne pas avoir pu tuer plus de « porteurs de valises ». Décédé en 2013, il a admis être au courant de l’assassinat dans le documentaire consacré à Henri Curiel et réalisé par Émilie Raffoul, même s’il est revenu sur ses propos et a empêché que son témoignage n’apparaisse dans le film diffusé sur Canal Plus en 2008.« La vérité, nous la connaissons, nous attendons maintenant la justice », écrit Sylvie Braibant dont le père, Guy, était cousin germain d’Henri Curiel. Quarante après, les véritables commanditaires du meurtre vont-ils enfin être démasqués, dans un pays où les assassinats politiques sont plus nombreux qu’on ne le pense et pour lesquels les dossiers de la justice-politique se sont refermés comme on scelle une pierre tombale ?

Barbancey Pierre - Vendredi, 4 Mai, 2018 - l'Humanité

Saturday, July 3, 2021

WELSH PIRATE

17 May is the birthday of the Welsh pirate Bartholomew Roberts, known in Welsh as “Barti Ddu” (“Black Bart”). He terrorized the Caribbean and West African Coast from 1719 until his death in 1722. He is considered the most successful pirate of the “Golden Age of Piracy” (ca. 1650 - 1730).

Barti Ddu used five different flags that we know of:

The first shows him holding an hourglass with death.
The second shows him standing on two skulls with the letters “ABH” (“A Barbadian’s Head”) and “AMH” (“A Martiniquian’s Head”) below them. 
The third shows death holding an hourglass in one hand and crossbones in the other with a spear and a heart on the fly side.
The fourth is Barti Ddu’s version of the Jolly Roger, but with a sword instead of crossbones.
The fifth shows him facing death with a sword.

As an interesting side note, Bartholomew Roberts was the inspiration for the “Dread Pirate Roberts” from the film “The Princess Bride”.

Thursday, July 1, 2021

Gloire aux Rebelles.

Avec les plateformes, de plus en plus de gens voient de moins en moins de films. C’est à dire que de plus en plus de gens voient les mêmes films. C’est à dire les mêmes points de vue sur le monde, la vie...
C’est à dire que l'imaginaire est en danger. C’est à dire qu’il nous faut nous réveiller et affronter pour vivre et  faire entendre nos particularités, quelques soient les circonstances et les supports.
Banzaï !

Le jour où les nazis ont fusillé « Poil de Carotte »

Arrêté à Cassis en 1943, Robert Lynen est à 23 ans le seul acteur à avoir été passé par les armes. L’enfant prodige du cinéma était aussi un Résistant de la première heure.

« Je me souviens du jeune acteur Robert Lynen, qui tourna dans Poil de Carotte et dans Carnet de bal et qui mourut au début de la guerre », écrit Georges Perec qui se trompe sur la date. Le blondinet à la tête d’ange qui courait sur la Canebière s’est effacé des mémoires malgré la belle biographie que lui a consacrée François Charles en 2002 *. Son nom est indissociable de Poil de carotte qu’il interpréta en 1932 pour Julien Duvivier. Le petit rouquin aux taches de rousseur reçut à 12 ans une consécration mondiale qui ne le quitta pas. Ce qu’on sait moins c’est le destin tragique de ce vrai résistant de la première heure. C’est le seul acteur français à avoir été passé par les armes pour Résistance. Membre d’Alliance, le réseau de l’Intelligence Service, il est arrêté à Cassis au château de Fontcreuse en 1943, dénoncé par un officier français vendu aux nazis. L’héroïsme côtoie souvent la bassesse.
. Le 7 ou 8 février 1943, Robert Lynen est arrêté au château de Fontcreuse avec son amie l’actrice Assia et Robert Vernon son ami irlandais fusillé aussi. « Un jeune acteur devenu terroriste arrêté à Cassis », titre la presse vichyste.
Emmené à la prison de la rue Saint-Pierre à Marseille où il est interrogé, frappé, il est transféré à Fribourg en mai 1943. Entre deux séances de tortures et privé de nourriture, il est jugé les 15 et 16 décembre 1943 avec dix autres compagnons et condamné à mort avec eux pour « espionnage au profit d’une puissance ennemie » par un tribunal militaire. Il croupit à la forteresse de Bruschal près de Karlsruhe. « Robert chante ! Oui on l’entend chanter le soir dans sa cellule », relate un déporté à la Libération. Le 20 janvier 1944, la cour martiale du IIIe Reich confirme la sentence. Poil de Carotte est fusillé avec 13 autres compagnons le 1er avril 1944 sur un champ de tir à Karlsruhe. Il meurt en chantant la Marseillaise et en tenant la main de Jean Danis-Burel. Leurs corps sont jetés dans une fosse. 
GLOIRE AUX REBELLES l'idée de laisser des signes - ne vous intéresse pas ?

 Cela m'est indifférent. Les signes, même les signes du passé, ne se stabilisent jamais. Ils surgissent. Ils disparaissent. On croit qu'il y a des œuvres d'art qui ont acquis une stabilité ; ce n'est pas vrai. Le Laocoon, qui était le chef-d'œuvre des chefs-d'œuvre il y a cent ans, aujourd'hui est méprisé. On l'a mis à l'ombre, contre une fenêtre et personne ne le regarde. 
Il est curieux de constater à quel point, à une époque où tout le monde doit s'intéresser à l'art, tout le monde aime ou dédaigne les mêmes choses. 
Donc la postérité c'est est un mensonge, rien ne se stabilise jamais."

Alberto Giacometti 
Pourquoi je suis sculpteur

Sur la page de Carla Chinosi d'Olmo

« Il m'arrive de penser à elle, les jours de soleil à Paris, quand les avenues sont vides et silencieuses. Comme hier, dimanche, sous la voûte des marronniers du boulevard Arago. Ou là-bas, le long de cet autre boulevard désert, près de la Seine, dans le quartier où elle habitait. J'entends une voix rauque. Je n'ai pas besoin de fermer les yeux, je me souviens très exactement de son visage. Les légères taches de rousseur, le froncement du nez... Il faut remonter le cours du temps. » #patrickmodiano #FrancoiseDorleac

Sur la page d'Adèle Pinson

Wednesday, June 30, 2021

Jerusalem Mon histoire.

Jerusalem; Il ya plusieurs histoires que je pourrais raconter a son sujet. Ma premiere rencontre avec cette ville fut ma Bar-Mitsvah a l'ete 1973. Premieres photographies avec mon instamatic,premier album de photographies. J'y reviens 20 ans plus tard, une nouvelle rencontre, comme une rennaissance, je fais mon Alya en 1995, retour aux sources, je n'y habite pas, mais j'y viens regulierement pour visiter ma soeur, et pour entrer sans payer au Musee Israel, a cause d'un passage laisse dans le grillage a l'arriere du Musee.

Mais comme a Paris, le lien le plus fort avec la ville c'est celui des livres. Jerusalem est la ville des bouquinistes, des livres poses dans la rue comme du pain, des livres introuvables, egares, incroyables Des livres de toutes sortes de toutes langues, trouves, echanges, achetes, abandonnes.Il m'est arrive a plusieures reprises, d'etre venu visiter la ville, et n'ayant plus un sous en poche de trouver au hasard de mes deambulations, des livres, et de les revendre a des bouquinistes pour pouvoir poursuivre ma route, de voyager boire et manger. Les livres de la survie, un tome d'une encyclopedie hongroise a 1 shekel...Dans les livres, on y trouve des lettres des correspondances, , des photographies comme marque-page.On suit le livre,une dedicace nous donne parfois une information, sur son parcours, le lieu de depart, Buenos-Aires, Lisbonne, New-York, Londres, Paris....

Voilà ce qui conduit mes pas dans la ville,ces livres oubliés, qui racontent une autre histoire que l'histoire elle-même.Aujourd'hui les bouquinistes disparaissent, les magasins de livres disparaissent, les livres disparaissent. Les livres portent une langue et une culture, et a force d'aimer les livres, on les accumule, des gens vous font don de leur bibliothèque, on les range et à son tour on écrit des livres.J'écris et j'édite a mon propre compte des fanzines depuis 1977.

Je suis né à Paris en 1959, et j'ai grandi à Paris dans le 13e, 12e, et 11e arrondissement.J'ai commencé par trouver des livres dans la rue,des magazines Très tôt je suis aller a la recherche des bouquinistes de bande dessinee.Ma grande revelation fut la librairie "Le Joueur de A", rue des lions St Paul. C'était une librairie alternative des années 70's.J'y ai découvert les comics US, la littérature de science fiction, les magazines underground, Crumb, le journal Actuel, L'echo des savanes, Gotlib, Mandryka, Moebius, . Il n'y avait pas un seul week end sans sillonner la ville de long en large à la recherche de toutes ces boutiques qui foisonnent dans les 70's., Les Yeux Fertiles, Actualités, Parallèle, La Guilde, Thé Troc,
Ces dérives m'ont inspiré et ont développées une forme de méthode que j'ai appliqué inconsciemment et bien plus tard sur mes dérives urbaines dans Jerusalem.
Un autre aspect de mes dérives dans la ville concerne les boîtes aux lettres publiques. En effet depuis de longues années j'envoie de manière régulière mais aléatoire des cartes postales de par le monde, a des personnes que je connais ou non. Des cartes postales non pas d'ici mais d'ailleurs, non pas avec des timbres d'ici mais d'ailleurs. Aujord'hui les boites aux lettres publiques de Jerusalem disparaissent, elles sontsupprimees les unes apres les autres. Mon parcours qui me conduisait de l'une a l'autre, cette derive existentielle appartient au passe.
Au-delà des livres, des pages à feuilleter, ce qui m'intéresse ce sont les espaces intermédiaires, les frontières, les limites de l'espace et leur gratuité. Les espaces a respirer, les terrains d'aventures. Jerusalem reste lumineuse et blanche dans son architecture qui contraste avec les hommes en noir qui parcourent ses rues. Jérusalem a perdu ses bouquinistes, Jérusalem a perdu ses boîtes aux lettres publiques, Jérusalem une ville qui perd la mémoire..
Jacques Prévert disait " J'ai rusé l'âme ".

MASSIVES MEMOS

MASSIVES MEMOIRES ou MASS MEMORIES.


 Je travaille sur un concept alternatif que je nome Massives Memoires,
 Mass Memories in English. J'etudie les relations entre souvenirs personnels et mémoires aléatoires
 subjectives collectives du siècle passé . Je fais un mixe algorythmique d'albums de familles au hasard reconstitues.
une de mes  plate-forme de diffusion est facebook en raison de son large public et de sa structure, livre de visages  . Le concept vient d'une expérience 
Fanzine alternatif des années 80 , qui traite de l'utopie , le situationnisme et Punk Rock. De Marshal Mac Luhan, 
" Goumen - Produktion " . Le résultat de ces recherches sous forme de films 16mm, found footage, albums de photos de familles, diapositives, fairont l'objet d'une expositions multimedia.
 
sera publier dans les deux ans à partir de maintenant
mais sinon le projet se poursuivra jusqu'à ce que nous atteignons les 300 000 images ,
 qui représentent la vitesse de la lumière .
Cordialement. Jacques Fhima.


I work on an alternative concept that I name Massives Memoires,  Mass Memories in English. I study the relationships between personal memories and random memories  Collective subjects of the past century. I make an algorythmic mix of albums of randomly reconstituted families. One of my broadcast platform is facebook because of its large audience and its structure, book of faces. The concept comes from an experience Alternative fanzine of the 80s, which deals with Utopia, Situationism and Punk Rock. From Marshal Mac Luhan, "Goumen - Produktion". The results of this research in the form of 16mm films, found footage, photo albums of families, slides, will be the subject of a multimedia exhibitions.   Will be published within two years from now But otherwise the project will continue until we reach 300,000 images,  Which represent the speed of light. Cordially. Jacques Fhima.
Managing previously unmanaged collections can be challenging. The process of securing the collection and making it accessible needs the mindset of a collections manager as well as the one of a project manager. The target audience are museum professionals with a basic training in co
Mllections care that are confronted with collections that are either large in numbers (1000+ artifacts) or stored confusingly, or both. 

The Massive Memories is a step-by-step guide how to approach this situation, assuming that there's nothing to start with but a collection that has to be accessioned and the person who is assigned to do it. It is about how to bring order into the chaos, to define what is needed in terms of time, money, staff and material, to spot facility issues and potential dangers, and to use the power of networking to solve an otherwise unsolvable task. 

Many themes conclude with “logical exits,” the points at which the collection in a condition that allows you to leave it for the next curator to take over. A common issue is that time frames are often so tight that the target of having the collection in good shape at the end of a contract or at a fixed date can’t be met. Another common scenario may be that other projects become more important and you have to stop working on the collection, which might sound familiar to many directors of small museums. “Logical exits” are the points you can do this without risking that everything you’ve done so far or since the last “logical exit” was a waste of time. For contractors those “logical exits” might serve as orientation points when negotiating the work that has to be done on the collection.

AFFICHE ROUGE

Le 21 février 1944, au Mont Valérien sont fusillés les membres de la désormais fameuse Affiche rouge, dont Celestino Alfonso, le tireur d'élite du groupe, Rouge espagnol:
Voici sa derniere lettre écrite à la prison de Fresnes (Seine) - 21 février 1944
"Mes chers parents, sœurs et frère,
Ma chère femme et fils,
Aujourd'hui à 3 heures, je serai fusillé. Je ne suis qu'un soldat qui meurt pour la France.
Je vous demande beaucoup de courage comme j'en ai moi-même : ma main ne tremble pas, je sais pourquoi je meurs et j'en suis très fier;
Ma vie a été un peu courte, mais j'espère que la vôtre sera plus longue.
Je ne regrette pas mon passé, et si je pouvais revivre, je serais encore le premier.
Je voudrais que mon fils ait une belle instruction, à vous tous vous pourrez réussir.
Ma chère femme, tu vendras mes vêtements pour te faire un peu d'argent. Dans mon colis, tu trouveras 450 francs que j'avais en dépôt à Fresnes.
Mille baisers pour ma femme et mon fils.
Mille baisers pour tous.
Adieu à tous.
Célestino Alfonso"Mont Valérien-21 février 1944
« Ma chère Mélinée, ma petite orpheline bien-aimée,

Dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde. Nous allons être fusillés cet après-midi à 15 heures. Cela m'arrive comme un accident dans ma vie, je n'y crois pas mais pourtant je sais que je ne te verrai plus jamais. Que puis-je t'écrire ? Tout est confus en moi et bien clair en même temps.

Je m'étais engagé dans l'Armée de Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la Victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain.

Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement.

Au moment de mourir, je proclame que je n'ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu'il méritera comme châtiment et comme récompense. Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur à tous...

J'ai un regret profond de ne t'avoir pas rendue heureuse, j'aurais bien voulu avoir un enfant de toi, comme tu le voulais toujours. Je te prie donc de te marier après la guerre, sans faute, et d'avoir un enfant pour mon bonheur, et pour accomplir ma dernière volonté, marie-toi avec quelqu'un qui puisse te rendre heureuse.

Tous mes biens et toutes mes affaires je les lègue à toi à ta sœur et à mes neveux. Après la guerre tu pourras faire valoir ton droit de pension de guerre en tant que ma femme, car je meurs en soldat régulier de l'armée française de la libération. Avec l'aide des amis qui voudront bien m'honorer, tu feras éditer mes poèmes et mes écrits qui valent d'être lus. Tu apporteras mes souvenirs si possible à mes parents en Arménie.

Je mourrai avec mes 23 camarades tout à l'heure avec le courage et la sérénité d'un homme qui a la conscience bien tranquille, car personnellement, je n'ai fait de mal à personne et si je l'ai fait, je l'ai fait sans haine.

Aujourd'hui, il y a du soleil. C'est en regardant le soleil et la belle nature que j'ai tant aimée que je dirai adieu à la vie et à vous tous, ma bien chère femme et mes bien chers amis.

Je pardonne à tous ceux qui m'ont fait du mal ou qui ont voulu me faire du mal sauf à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau et ceux qui nous ont vendus.

Je t'embrasse bien fort ainsi que ta sœur et tous les amis qui me connaissent de loin ou de près, je vous serre tous sur mon cour. Adieu.

Ton ami, ton camarade, ton mari.

Michel Manouchian. »

Il y a 77 ans, le 21 février 1944, les nazis exécutaient au Mont-Valérien les héros du groupe Manouchian 
Ils étaient des héros ,ils étaient des Communistes!

"Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient le cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant" *

Arrêtés par des policiers Français avoir été torturés des heures durant, ces Résistants sont présentés devant une cour martiale allemande le 19 février 1944. Un simulacre de procès a lieu. Il débouche sur la condamnation à mort des vingt trois. 
Ils seront tous exécutés par les nazis le 21 février 1944 au Mont-Valérien. Le plus jeune avait 18 ans, le plus âgé 46.
Voici leurs noms, ne les oublions pas!
 ✊Gloire aux Francs-tireurs et partisans - main-d'œuvre immigrée (FTP-MOI) 
Celestino Alfonso (AR), Espagnol, 27 ans
Olga Bancic, Roumaine, 32 ans (seule femme du groupe, décapitée en Allemagne le 10 mai 1944)
Joseph Boczov [József Boczor; Wolff Ferenc] (AR), Hongrois, 38 ans - Ingénieur chimiste
Georges Cloarec, Français, 20 ans
Rino Della Negra, Italien, 19 ans
Thomas Elek [Elek Tamás] (AR), Hongrois, 18 ans - Étudiant
Maurice Fingercwajg (AR), Polonais, 19 ans
Spartaco Fontano (AR), Italien, 22 ans
Jonas Geduldig, Polonais, 26 ans
Emeric Glasz [Békés (Glass) Imre], Hongrois, 42 ans - Ouvrier métallurgiste
Léon Goldberg, Polonais, 19 ans
Szlama Grzywacz (AR), Polonais, 34 ans
Stanislas Kubacki, Polonais, 36 ans
Césare Luccarini, Italien, 22 ans
Missak Manouchian (AR), Arménien, 37 ans
Armenak Arpen Manoukian, Arménien, 44 ans
Marcel Rayman (AR), Polonais, 21 ans
Roger Rouxel, Français, 18 ans
Antoine Salvadori, Italien, 24 ans
Willy Schapiro, Polonais, 29 ans
Amédéo Usséglio, Italien, 32 ans
Wolf Wajsbrot (AR), Polonais, 18 ans
Robert Witchitz (AR), Français, 19 ans
Poème de Louis Aragon

"Né à Marseille, Almudéver a grandi à Casablanca et Alcàsser. Au moment du coup d'État de juillet 1936, il était à Valence. Bien qu'encore mineur, il est devenu volontaire du côté républicain. Mentant sur son âge, il rejoint la colonne Pablo Iglesias, qui fut déployée sur le Teruel. Blessé au front Teruel, Almudéver est envoyé à l'arrière ; il réintégra l'armée en tant que membre de la Brigade internationale CXXIX. Entre début 1939 et fin 1942, il fut prisonnier du régime franquiste. Contraint de s'exiler, il est retourné en Espagne en 1965.

Il est décédé en France le 24 mai 2021 en tant que dernier membre connu des Brigades internationales."

Tuesday, June 29, 2021

COLETTE . PRATT. KONCHALOVSKY.

N'ayons pas peur de contempler ce qui nous manque. Emoussons, par le regard appuyé, par une pensée approfondie, les traits dont nous blessent toutes les absences. Susciter en ce moment les tableaux de l'abondance, ce n'est pas seulement un jeu un peu mortifiant, c'est une gymnastique, une manière assez brave d'entretenir fraîches les acquisitions de notre mémoire. Point de souvenir qui n'ait ses cavités que le temps obscurcit ; mais d'où nous pouvons déloger tel petit secret, en voie de nous échapper. La vue de l'esprit les fouille." (Colette, De ma fenêtre, 1942)“

 À l’école primaire, quand j’avais sept ans, il m’est arrivé un incident étrange. À la suite d’une insolation, j’ai perdu la mémoire. Je suis resté pendant six mois en état de choc, ne me souvenant plus que d’une grande lumière, puis je suis brusquement redevenu normal. Pendant toute cette période, on m’avait mis dans une section spéciale de mon école, réservée aux élèves déficients mentaux. Nous étions huit et devions porter un uniforme noir, alors que les élèves normaux étaient habillés en blanc. Quand je me suis
comme réveillé, on m’a redonné l’uniforme blanc, et les élèves considérés comme débiles m’ont demandé : 'Mais qu’est-ce que tu fais là, habillé en blanc comme tous ces cons ?'. "

Hugo Pratt (extrait de son autobiographie “ Le désir d’être inutile ”)

Le Premier maître (1965, Andreï Mikhalkov- Kontchalovsky)

 Loin de Moscou, à des milliers de kilomètres de la Russie, vit, en Asie centrale, un peuple de montagnards, d’origine nomade et aux traditions patriarcales puissamment implantées, les Kirghizes. D’ascendance turco-mongole, ils ont, à partir du XIIIe siècle, épousé la religion de l’Islam dans sa version sunnite. Totalement enclavé, leur pays, situé sur l’ancienne route de la soie, possède une frontière avec la Chine, à l’est et au sud. Durant la période soviétique, l’écrivain Tchinguiz Aïtmatov (1928-2008) en est devenu le chantre impérissable. En France, Louis Aragon, émerveillé par la pureté limpide et touchante de « Djamilia » (« la plus belle histoire d’amour du monde », dira l’auteur du « Fou d’Elsa »), œuvrera beaucoup en sa faveur. En 1962, Aïtmatov écrira « Le Premier maître ». Certes, il y est question de Lénine chez les Kirghizes, mais aussi d’amour(s) encore ; celui de l’instituteur bolchévik (« le maître ») et de la belle Altynaï (Natalia Arinbassarova : elle deviendra après le tournage l’épouse du réalisateur), et celui d’un homme avec un peuple et une contrée – l’instituteur ou le réalisateur ? Les deux sans aucun doute. En cinéaste intelligent et subtil, Andreï Mikhalkov-Kontchalovsky aura su capter le style allusif et complexe de l’écrivain. C’est, vous l’avez deviné, « Le Sel de Svanétie » (1930) de Kalatozov qui m’y a naturellement reconduit. À voir la fin de ce film, je me suis profondément interrogé. Doit-on au juste motif d’éradiquer l’ignorance et la misère, ensevelir, du même coup, l’immense richesse intérieure d’un peuple et la beauté d’un pays ? Doit-on déraciner les arbres, et notamment l’unique peuplier du village kirghize où se déroule notre histoire ?  
 Patrick Kamenka écrit pour « L’Avant-Scène Cinéma » (n° 238, 1979), évoquant la figure volontaire et idéaliste de l’instituteur communiste Duichène : « Il affrontera sur ce terrain les autorités villageoises et les traditions ancestrales. Mais il ira plus loin encore en luttant pour qu’Altynaï se rende à Tachkent, dans la grande ville, pour faire des études, ce qui constitue en ce début du 20e siècle en Asie, une sorte d’exploit. » Certes, dirais-je. Mais seule Altynaï est maîtresse de ses destinées. Elle seule saura ce qu’il lui faut jeter aux orties et ce qu’il lui faudra jalousement conserver pour ne rien perdre de son identité. De ce point de vue, « le maître » a encore à apprendre. Il finira par l’admettre : « Je ne suis pas un bon instituteur, dit-il, mais d’autres viendront après moi, plus savants… »  Lénine n’est pas un prophète : sa vérité n’est qu’un début de vérité. « En définitive, la qualité essentielle de ce film tient à l’humanisme qui s’en dégage, à ce qu’il n’y a aucune complaisance », affirme encore Patrick Kamenka. S’il a fallu bâtir une République soviétique « avec du sang et des larmes », et l’on voit aujourd’hui ce qu’il en reste, c’est que l’on ne construit rien sans aimer les hommes et les femmes d’un pays, sans écouter ce qu’ils ont à nous apprendre eux aussi. Il n’y a aucune vérité bonne à inculquer, il n’existe que l’ignorance et la misère. Ce sont celles-là qu’il nous faut arracher à la souffrance des hommes et non leur sagesse faite de patience et d’opiniâtreté. Même si le parti est logiquement adopté vers le « nouveau », le réalisateur introduit là une nuance de taille. Émile Breton note fort à propos : « Une attention, on pourrait presque dire respectueuse, est portée […] à ce qui dans l’ancien était signe (même détourné, subverti) d’une culture autre, authentique, à ne pas piétiner. » (in : « Dictionnaire des films »). Et cette beauté qu’il ne faut pas fouler, elle s’exprime en séquences simples, comme Altynaï se baignant nue dans le torrent et sous la pluie, comme celle des cavaliers fuyant dans la steppe ou celle du paysan au kalpak accompagnant son chant du kyl kyyak.

Monday, January 25, 2021

La collection « Les Enfants du monde » de Dominique Darbois


Au début des années 1950, la maison d’édition Nathan, cherchant à concurrencer Flammarion-Père Castor, se lance dans la publication d’une collection à destination des enfants de 6 à 10 ans. Cette collection, « Enfants du monde », consiste en une série de 20 volumes racontant la journée ou la semaine d’un enfant à différents lieux de la planète. Il s’agit de documentaires-fictions réalisés à partir de photo-montages dont les photographies sont dues à l’ingéniosité de Dominique Darbois. Cet article se propose de montrer que cette série est une « série-géographe » qui, en s’appuyant sur une interdépendance entre texte et images, participe de la connaissance du monde et développe une « pensée spatiale » chez l’enfant-lecteur.

La collection « Les Enfants du monde » de la maison d’édition Nathan n’a suscité jusqu’ici que très peu d’intérêt pour les chercheurs. Je n’ai trouvé à ce jour que trois références notoires : d’une part celles de deux bibliothécaires ou documentalistes s’intéressant aux fonds patrimoniaux et à une collection dite « historique » dans la mesure où elle a disparu des rayonnages des bibliothèques, jugée sans doute vieillotte et obsolète, avec d’abord le chapitre d’Elisabeth Lortic en 2001 dans Flash sur les livres de photographies pour enfants des années 1920 à nos jours, puis l’article de Frédérique Lemarchant en 2015 dans la revue en ligne Strenae ; d’autre part celle de Catherine de Smet, historienne de l’art, qui, en 2013, s’est intéressé au design des pages de la collection dans un article de son recueil Pour une critique du design graphique : dix-huit essais, aux éditions B42.

Je viens de parler de collections concurrentes. Prenons, par exemple, le premier volume de la collection « Les Enfants du monde », Parana le petit Indien. Il paraît aux éditions Fernand Nathan en 1952 au même moment où sort chez Flammarion/Père Castor, Mangazou, le pygmée, troisième volume de la collection « Les Enfants de la Terre », lancée par Paul Faucher en 1948. Comparons les deux ouvrages.

Mangazou raconte la vie d’un enfant pygmée Babinga vivant une vie de nomade dans la forêt équatoriale de la République du Congo (Congo-Brazzaville). Le récit fictionnel rédigé par Jean-Michel Guilcher, auteur maison du Père Castor mais aussi ethnologue, s’appuie sur les rapports d’expédition menée par Raoul Hartweg en 1946 au Congo-Brazza, chez les Babingas, et qui donnera lieu à un livre, La Vie secrète des pygmées, en 1961. Les illustrations sont confiées à Jean Cana, un illustrateur-maison du Père Castor.



Parana est le récit d’une journée dans la vie d’un enfant wayana, indien d’Amazonie vivant sur le territoire de la Guyane française. Il s’appuie quant à lui sur le récit et les images rapportés par les deux membres de l’expédition « Guyane Tumuc-Humac », l’ethnologue Francis Mazière et la photographe Dominique Darbois, entre 1951 et 1952.

D’emblée, la ligne éditoriale semble la même : c’est celle de fournir un ouvrage sérieusement et scientifiquement documenté à de jeunes lecteurs de 7-12 ans, cousu autour d’un récit dont le héros est un enfant. Les deux objets sont eux très concurrentiels. Le volume de la collection « Les Enfants de la Terre » est au format à l’italienne, broché, comportant 32 pages couleurs. Sa taille est de 27cm de long pour 21cm de large. En 1952, le volume vaut 380 Frs.

Le volume de la collection « Les Enfants du monde » est, lui, au format à la française, cartonné, comportant 40 pages couleurs. Sa taille est de 27cm de hauteur pour 22cm de large. En 1952, l’ouvrage vaut 800 Frs, c’est-à-dire deux fois plus cher qu’un Grand Album de chez Hachette (480 Frs). Si les deux ouvrages visent des lecteurs de 7 à 12 ans, ces lecteurs ne correspondent pas aux mêmes catégories socio-professionnelles !

Ces deux collections rivales sur le fond mais peu sur la forme donc proposent une nouvelle approche de la connaissance du monde pour les enfants français, c’est un axe que j’aimerais d’une part interroger dans cette communication. D’autre part, l’originalité des « Enfants du monde » repose sur la part belle faite à la photographie pour dire de l’espace et de la spatialité. Ce sera le second axe que j’interrogerai en montrant que cette collection s’inscrit sans doute davantage dans le reportage ethnographique que dans le mouvement de la photographie humaniste. Ce sont trois regards qui sont proposés aux enfants : celui de l’ethnographe, celui du photographe et celui du géographe.


et plus particulièrement dans celui de la géocritique (B. Westphal, 2007).

Il s’agira donc de montrer que cette collection porte sur le monde qu’elle entend faire partager au jeune public auquel elle est destinée trois regards : l’un ethnographique ou anthropologique, s’intéressant aux habitants, l’autre géoscopique, s’intéressant aux représentations de l’espace habité, et un dernier géographique, s’intéressant aux liens que l’habitant entretient avec son espace. Ces trois regards constitueront les trois parties de cet article.
L’œil ethnographique

Les 20 volumes de la collection ont tous été réalisés par Dominique Darbois, sorte d’aventurière du XXe siècle, idéaliste et engagée. La collection résume, en quelque sorte, ce qu’était Dominique Darbois, décédée en 2014. Voici d’ailleurs ce que Claire Guillot, journaliste au Monde, écrivait le jour de sa disparition : « La photographe Dominique Darbois, résistante et grande voyageuse, est morte le 7 septembre, à 89 ans, après une vie mouvementée, faite de voyages et d’engagements. Elle naît Dominique Sabret-Stern, le 5 avril 1925, dans une famille juive aisée – elle est la fille de Philippe Stern, grand spécialiste des arts asiatiques, et de la romancière Madeleine Sabine. Elle entre dans la résistance dès l’âge de 16 ans. Arrêtée en 1942 par la Gestapo, elle est enfermée à Drancy pendant deux ans, puis elle participe à la libération de Paris.
En 1945, elle prend le pseudonyme de Dominique Darbois et ment sur son âge, afin de paraître assez âgée pour pouvoir s’engager dans l’armée régulière. Elle devient alors opérateur radio sur le Front de l’Est. Elle poursuit ensuite avec l’Indochine et le Tonkin, comme sous-lieutenant, et en reviendra décorée. Lorsqu’elle rentre finalement en France, elle devient l’assistante du photographe Pierre Jahan, auprès duquel elle apprend le métier. Elle voyage en Guyane et en Amazonie, d’où elle rapportera plusieurs livres, avant de photographier l’enfance dans le monde entier pour une série de livres à succès publiés aux éditions Nathan. Anticolonialiste convaincue, elle s’est aussi engagée dans la guerre d’Algérie au sein du réseau Francis Jeanson, publiant un livre interdit en France, Les Algériens en guerre, reportage sur la vie des maquis et 
des camps d’entraînement des soldats du FLN » (Guillot, 2014, n.p.).


Dominique Darbois est née dans une famille d’intellectuels bourgeois. Son père fut conservateur du Musée Guimet à Paris entre 1929 et 1965. Entre 1946 et 1983, Dominique Darbois parcourt une soixantaine de pays pour couvrir un certain nombre de reportages, que ce soit au Togo, en Côte-d’Ivoire, en Russie, en Chine ou au Bénin, parfois dans des conditions politiques difficiles. La Seconde Guerre mondiale et, plus sûrement, les guerres, vont marquer pour Dominique Darbois son engagement pour la cause enfantine et la cause plus généralement humaine. Ainsi, rescapée de la Gestapo, considère-t-elle vivre du « rab ». Elle déclare à Pierre Amrouche dans Terres d’enfants : « Toute la gravité de mon métier réside dans le pouvoir de transformer, de transmuer la réalité du passé et du présent, et d’avoir aussi la puissance d’influer sur le futur » (Amrouche, 2004, p. 8). Un peu plus loin, elle continue ainsi : « La photographie permet de faire reculer l’intolérance en élargissant le champ de vision dans le sens d’une meilleure compréhension d’autrui, en faisant reculer l’ombre au profit de la lumière » (Amrouche, op. cit., p. 8).

Pour le dire tout autrement, c’est à la fonction perlocutoire de l’album-documentaire que Dominique Darbois veut faire référence ici, cette fonction même qui, d’après John Austin (1970) pousserait le récepteur à agir. La lecture d’une série comme « Enfants du monde » aurait pour effet de nourrir le capital culturel spatial et social de l’enfant-lecteur, futur citoyen-acteur du monde dont l’action serait influencée par un effet anamnestique de ses lectures passées. Ainsi les intentionnalités des auteurs referaient surface tout au long de la vie du lecteur. Cette intentionnalité, Dominique Darbois l’exprime encore devant Pierre Amrouche : « Ayant très amochée par le racisme, j’ai voulu montrer que les enfants étaient tous les mêmes. Le fil de ma vie de photographe a été de montrer la beauté des gens qu’on aime. La dignité d’une femme africaine, le regard d’un petit Chinois. Tout pour témoigner du respect de l’être humain » (Amrouche, op. cit., p. 9).

Après le premier volume de la collection, les dix-neuf autres titres seront réalisés par Dominique Darbois à la fois pour les textes et les images. La collection va faire voyager le jeune lecteur fidèle à travers vingt pays et quatre continents (image 2). Comme le montre le tableau ci-dessous (tableau 1), le continent européen comme le continent américain y sont très présents (6 albums pour chacun de ces continents). L’Afrique est le continent le moins représenté avec seulement trois albums. Cette sous-représentation a un effet non recherché par Dominique Darbois, celui du stéréotype. Chacun des albums aborde un mode d’habiter assez particulier semblant valoir pour l’intégralité du continent africain : le nomadisme avec Hassan l’enfant du désert, l’urbain avec Faouzi le petit Égyptien et la ruralité avec Agossou le petit Africain.

Tableau 1 – Détail de la collection « Les Enfants du Monde » (source : Christophe Meunier)


Image 2 – Carte de la couverture des volumes de la collection « Les Enfants du Monde »

1951, english 1952Elle KariElle KariElly JannesAnna Riwkin-Brick1956, english 1958Noriko-San: girl of JapanEva möter Noriko-sanAstrid LindgrenAnna Riwkin-Brick1958, english 1959Sia lives on KilimanjaroSia bor på KilimandjaroAstrid LindgrenAnna Riwkin-Brick1959, english 1959My Swedish CousinsMina svenska kusinerAstrid LindgrenAnna Riwkin-Brick1960, english 1961Lilibet, circus childLilibet, cirkusbarnAstrid LindgrenAnna Riwkin-Brick1961, english 1961Mokihana lives in HawaiiMokihana bor på HawaiiEugénie SöderbergAnna Riwkin-Brick1962, english 1963Marko lives in YugoslaviaMarko bor i JugoslavienAstrid LindgrenAnna Riwkin-Brick1963, english 1964Dirk lives in HollandJackie bor i HollandAstrid LindgrenAnna Riwkin-Brick1964, english 1964Eli lives in IsraelEli bor i IsraelLeah GoldbergAnna Riwkin-Brick1965, english 1965Randi lives in NorwayRandi bor i NorgeAstrid LindgrenAnna Riwkin-Brick1966, english 1967Noy lives in ThailandNoy bor i ThailandAstrid LindgrenAnna Riwkin-Brick1967, english 1968Gennet lives in EthiopiaGennet bor i EtiopienVera ForsbergAnna Riwkin-Brick1968, english 1968Matti lives in FinlandMatti bor i FinlandAstrid LindgrenAnna Riwkin-Brick1969, english 1970Miriam lives in a KibbutzMiriam bor i en kibbutzCordelia EdvardsonAnna Riwkin-Brick1970, english 1971Salima lives in KashmirSalima bor i KashmirVera ForsbergAnna Riwkin-Brick de page